L'agence matrimoniale à prix exorbitant pour célibataires fortunés

L'argent ne fait pas le bonheur. Le dicton populaire dit peut être vrai. Il existe par exemple des personnes très riches qui rament dans notre bas monde pour trouver l'amour. L'agence matrimoniale Berkeley International entend leur venir en aide. Elle s'est spécialisée depuis sa création en 2003 dans la rencontre entre personnes très riches. Créée à Londres avec seulement 300 membres, elle a ouvert des bureaux à Paris dix ans plus tard et compte aujourd'hui 5.000 âmes rêvant de trouver un riche alter ego. En France, ils sont environ 1.500, en nette progression l'année dernière (+35%) avec légèrement plus de femmes (55%).Le ticket d'entrée a de quoi refroidir tout un chacun: 10.000 euros minimum pour avoir un abonnement national d'un an. Et si vous ne voulez pas vous montrer pingre et vous ouvrir à l'Europe, c'est 15.000 euros. Pour le monde entier, la facture grimpera à 25.000. Et estimez-vous heureux, il y a 3 ans selon Le Monde [http://abonnes.lemonde.fr/societe/article/2013/05/09/berkeley-l-amour-pour-happy-few31740003224.html], le "membership" planétaire était à 50.000 euros. Et a quoi a-t-on droit pour ce prix-là? Un titre de membre à vie avec 8 introductions minimums garanties par an. Après la première année, si vous êtes toujours sur le marché, il faudra s'acquitter de 5.000 euros par an.

"DES GENS QUI EN ONT MARRE D'ÊTRE APPROCHÉS POUR LEUR ARGENT"

Quadragénaire blonde et souriante, Hilde Watty nous reçoit dans le palace parisien Royal Monceau très à son aise. Presque à la maison. A côté d'un Dominique Farrugia, désormais producteur, multipliant les rencontres pour ses futurs projets, elle ne dévie pas de son fil: elle croit dur comme fer dans le business-model de cette agence matrimoniale de luxe. "Nos clients ne peuvent pas se permettre pour des raisons professionnelles et financières d'avoir un profil sur internet. De plus ils n'ont pas le temps de chercher quelqu'un et ne veulent pas s'exposer. Nous avons des gens qui ont eu beaucoup de succès professionnel comme des CEO (PDG en français), aristocrates, musiciens ou encore des chirurgiens ou avocats qui en ont marre d'être approchés pour leur argent et qui veulent mettre en avant ce qu'ils sont en tant que personnes. Ils ont tout eu dans leur vie professionnelle mais ont honte de leur vie privée".Ainsi les milliers de membres du service dans le monde ont tous des profils anonymisés, sans photo, pour éviter le risque de fuites en cas de hacking. Vous remplissez un questionnaire de "quarante questions très profondes", vous répondez à des questions par Skype avec des membres de Berkeley et vous envoyez quelques photos de vous "pour utilisation interne". Ensuite Berkeley s'occupe de réaliser les introductions après présentations des profils sélectionnés aux membres. "Le plus important c'est qu'après chaque introduction, nous allons demander des feedbacks des deux côtés. Et nous allons conseiller le client pour qu'il réussisse", précise Hilde Watty se targuant d'un taux de succès de 87% de relations durables (au moins 3 ans) au bout de 6 mois.

"PAS FACILE DE SORTIR À PARIS AVEC UN HOMME QUI A DES INTENTIONS CORRECTES"

Le plus jeune utilisant le service a 23 ans, inscrit par ses parents pour le mettre dans le droit chemin dans une sorte de rallye 2.0 "pour protéger le patrimoine". Le plus vieux porte bien ses 81 ans. La majorité des membres tourne autour de 45 à 55 ans. Berkeley affirme que le pic de contacts pour de nouveaux clients s'opère le dimanche soir vers 22 heures au moment du blues de la projection dans une nouvelle semaine qui débute.Hilde Watty avance également dans son argumentaire sa propre histoire. Elle a trouvé son mari grâce à Berkeley et a souhaité ensuite en faire son métier. "J'avais une grande entreprise en Belgique. Mon ex mari est partie et mon coach m'a parlé de cette agence. J'ai regardé sur internet, puis je m'y suis inscrit comme cliente. Mon mari actuel est ma cinquième introduction. Après j'ai vendu mon business et j'ai pris la tête de la franchise", lâche la dirigeante belge de l'agence pour la France, les Pays-Bas, la Belgique, le Luxembourg et Malte.Et le business model ne souffre pas de la comparaison avec les applis de rencontres de type Tinder [https://www.challenges.fr/high-tech/grand-public/pourquoi-tinder-veut-devenir-un-reseau-social_420544], Happn [https://www.challenges.fr/high-tech/internet/comment-happn-compte-depasser-tinder-d-ici-2-ans_15574] ou encore Once [https://www.challenges.fr/high-tech/once-l-appli-de-rencontre-slow-dating-qui-prend-le-contrepied-de-tinder_15578] qui pullulent depuis quelques années. "De plus en plus de jeunes femmes viennent chez nous, glisse innocemment Hilde Watty. Ce n'est pas facile pour nous de sortir à Paris avec un homme qui a des intentions correctes à cause de trucs comme Tinder où on swipe sur des photos et où il est très facile d’avoir un date".

"AVANT JE ME DISAIS QUE C'ÉTAIT POUR LES HANDICAPÉS MENTAUX OU PHYSIQUES"

Une avocate de 46 ans du sud de la France témoigne au téléphone totalement séduite par un oncologue milanais trouvé grâce à Berkeley. "Je suis divorcé sans enfant et j'avais de grandes difficultés pour rencontrer des gens sérieux et d'un niveau social correct. J'ai essayé Meetic ou Attractive World et cela a été une catastrophe". Elle tombe sur le site internet de l'agence un peu par hasard et se déclare attirée par "le pourcentage de réussite qui avait l'air sincère car il ne garantissait pas la love story artificielle".S'ensuit sa première "introduction" qui fait mouche. "Pour lui c'était sa quatrième rencontre et cela a collé tout de suite. On a vraiment envie de rester ensemble. Au début je me disais que je faisais partie des handicapés mentaux ou physiques qui s'inscrivent sur des sites de rencontres. Au final ce sont juste des gens qui ont la cinquantaine, qui ne trouvent personne et qui ne veulent plus perdre de temps". Et le prix exorbitant n'a pas été un frein pour elle? "Oui c'est cher mais s'il fallait les remettre demain, je le referai vu le bonheur que je vis aujourd'hui".L'agence ne travaille uniquement que sur les profils de membres hétéros affirmant avoir "un projet gay". Elle affirme sélectionner ses membres et refuser 50% des demandes. Les demandes restées sans suite peuvent aussi bien concerner une veuve n'ayant pas encore réussi à faire son deuil, que des personnes intéressées par l'aubaine financière ou encore "des fétichistes des pieds"... Hilde Watty ne dévoile pas, en revanche, son secret pour les débusquer.